dimanche 14 octobre 2012
Joseph Bologne
Joseph Bologne est né à La Guadeloupe le jour de Noël de l’an 1745, il est le fils d'une esclave africaine appelée Anne, Nanon ou bien encore « La Belle Nanon », créole née sur l'île en 1723 à l’habitation dite du Grand Cul de Sac, et de M. de Bologne Saint-Georges (1711-1774), protestant d’origine néerlandaise, gentilhomme ordinaire de la chambre du Roi, et propriétaire d’une plantation prospère à La Guadeloupe. Cet enfant n’aurait vraisemblablement eu aucun avenir s’il était resté sur son île natale du temps des lois scélérates du « Code Noir » instituant l'esclavage sur les îles à sucre du Royaume de France et des décrets de 1777 et de 1778, « interdisant l'entrée en France aux nègres, mulâtres et gens de couleur libres ainsi que les mariages interraciaux. » Deux années après sa naissance, en décembre 1747, M. de Bologne Saint-Georges doit quitter Basse-Terre précipitamment.
Au cours d’une visite à son oncle Samuel de Bologne, M. de Bologne et Pierre-Julien Le Vanier de Saint-Robert qui ont fait ample consommation de « punch », en viennent à se battre en duel. Le Vanier de Saint-Robert qui semblait avoir été blessé sans gravité, meurt trois jours plus tard. Cet évènement va bouleverser l'histoire. M. de Bologne sait qu’il va être accusé d’homicide et qu’il risque la confiscation de ses biens. Craignant que sa chère Nanon et son fils ne soient vendus avec tous les esclaves de la plantation, M. de Bologne décide de quitter l’île et de prendre un navire en partance pour le port de Bordeaux.Il a été bien avisé de quitter La Guadeloupe car il est condamné à mort par contumace, à la confiscation de tous ses biens et pendu en effigie sur la place de Basse-Terre en mai 1748. En 1753, alors que l’enfant n’a que huit ans, M. de Bologne décide de faire donner à son fils une éducation de jeune aristocrate et part avec lui pour la France. Deux ans plus tard, Nanon rejoint son fils et vit sous le toit de Georges.Quand Joseph a 13 ans, avant de repartir pour La Guadeloupe, Georges place son fils en pension chez Nicolas Texier la Boëssière, homme de lettres et excellent maître d’armes, qui va coordonner les études du jeune Joseph et devenir son père spirituel.
La Boëssière fait de son élève un fleurettiste d’exception et dès l'âge de quinze ans, le jeune Joseph domine les plus forts tireurs.C'est incontestablement la plus fine lame de son temps, Il ne faut pas oublier que les aristocrates forment alors le corps social appelé « la noblesse d'épée ». Seuls les nobles sont alors dignes de porter l'épée et d'apprendre à s'en servir. Il bénéficie de l’article 59 du Code Noir selon lequel « les affranchis ont les mêmes droits, privilèges et immunités dont jouissent les personnes nées libres ». Joseph de Saint-Georges conservera cette charge pendant onze années et pourra prendre le titre de chevalier comme tel est son droit. Il a plusieurs cordes à son arc, car il est aussi un excellent musicien, violoniste virtuose, compositeur de sonates, de symphonies concertantes pour quatuor d'archets, de concertos et de comédies mêlées d'ariettes. Chef d’orchestre respecté, il va diriger les formations les plus prestigieuses de France et probablement d’Europe. Malgré tout il est quand même victime de la couleur de sa peau dans ce milieu aristocratique. De 1795 à 1797, il disparaît des cercles parisiens. Les biographes du Chevalier affirment que durant cette période, il a séjourné à Saint-Domingue où il aurait rencontré Toussaint Louverture. Toutefois, le séjour de Saint-Georges à Saint-Domingue après son incarcération est source d’incertitude. Saint-Georges meurt à Paris le 10 juin 1799 d’une infection de la vessie. Là encore, contrairement à ce qui a pu être écrit, sa mort est honorée dignement. Au même titre que la négresse solitude il demeure pour la Guadeloupe un illustre personnage.
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