mercredi 24 avril 2013

Mon ami le tisserand

La nature au Cameroun est extraordinaire, la faune et la flore. Il y a un oiseau que j’adore particulièrement le « tisserand ». Dans le champs voisin de la villa de mon père, il y avait un grand flamboyant, à vrai dire aujourd’hui je ne sais pas exactement si c’est un flamboyant ou une autre espèce d’arbre, qu’importe, cet arbre était le refuge de ce magnifique oiseau. Il avait l'habitude vers 17 h à l'heure du magnifique coucher du soleil, de rentrer au bercail. C'était étonnant car c'était une colonie de près de 100 voire 200 oiseaux. Ca grouillait et piaillait, on les entendait à des kilomètres. J'ai tenté en vain pendant des années de les apprivoiser sans succès. Néanmoins, un jour j'ai trouvé la parade. Quand ils étaient partis ( dans la journée) j'avais fabriqué une cabane sommaire dans l'arbre avec beaucoup de feuillage pour me camoufler, en fait plein de brindilles d’arbre. Vers 16h 30 je montais dans l'arbre avec dans ma poche plein de petits grains de maïs grillés. Je m'allongeais dans l'arbre et je les attendais. Je faisais le mort, avec le bras tendu et des grains de maïs dans la paume de ma main, et j'attendais qu'un vienne enfin dans ma main. Dès qu'il y en avait un, c'était la ruée. Il ne fallait surtout pas que je bouge, car une fois qu'ils avaient peur, ils s'envolaient et ne revenaient plus car très peureux, je me suis fais avoir deux ou trois fois. C'était un bonheur sans nom de sentir leur petit bec chatouiller ma main. C'était une sensation extraordinaire d'avoir l'impression à cet âge-là d'être presque un oiseau, mais qui ne peut pas voler. Quand on me cherchait, il fallait juste regarder dans l'arbre et j'y étais, c'était mon paradis, car c'était assez haut et les adultes n'étaient pas aussi agiles que moi, j'étais un vrai singe fluet, souple et hyper léger. Ce qui jusqu'aujourd'hui, me semble irréaliste, c'était la solidité de son nid, fait de raphia, en fait des feuilles des palmiers séchées, donc toutes jaunes. J'ai essayé d'abord de les transpercer avec ma fronde( je sais c'est méchant, mais à 13/14 ans on ne le sait pas) et ensuite j'ai essayé de les déchirer avec mes mains, impossible. A travers ce mystère est né un profond respect et une fascination pour ce bel oiseau jaune et noir. Autre originalité de cet oiseau, l'ouverture du nid était en bas et je me suis toujours demandé comment il se tenait dedans, mais là encore un mystère. Quand on regarde bien, son nid est une vraie œuvre d'art, fait d'une architecture très complexe, on dirait des tagliatelles.