mardi 31 août 2010

Méthodes d’évangélisation des Allemands au Cameroun (1912-1915)

Les Allemands ont évangélisé de 1912 à 1915, la partie ouest du Cameroun . Forcés de quitter le Cameroun par les anglais en pleine première guerre mondiale (1915), les deux puissances coloniales adversaires des Allemands, France et Angleterre (étant devenus les nouveaux maîtres du Cameroun), ne leur permettront plus d’y retourner. Mais à quelque chose, malheur est bon, dit le proverbe. Comme aux premiers temps de l’Eglise, l’expulsion de nos missionnaires loin de freiner l’élan missionnaire des allemands, fécondera plutôt le désir de multiplier les missions. C’est ainsi que nos « fugitifs » du Cameroun iront prêcher la réparation en Espagne, aux Etats-Unis et en Afrique du Sud.
Nous nous sommes rendu compte que l’activité missionnaire de ces Pères allemands est peu connue dans l’historiographie de l’évangélisation du Cameroun. Les raisons sont simples. Cette mission des pionniers avait eu une courte durée et s’était finie presque tragiquement. Les Pères Franco-Belges, venus les remplacer, ont rencontré un contexte tendu du fait de la division du Cameroun entre deux puissances coloniales (France et Grande Bretagne) par la SDN (Société des Nations, ancêtre de l’ONU) après la première guerre mondiale et de la persécution de leurs chrétiens de la zone anglaise. Ils ne feront dans le Cameroun anglophone que trois ans comme leurs confrères allemands.

1. Evangélisation et « civilisation » : deux buts jumeaux poursuivis par nos missionnaires.
Comme tous les missionnaires de l’époque, les Prêtres du Sacré-Cœur Allemands avaient deux visées intimement liées : l’évangélisation et la « civilisation ». A leurs yeux, c’était en amenant les indigènes à se cultiver aux habitudes occidentales que ceux-ci pouvaient mieux assimiler la Bonne Nouvelle. La première approche étaient de rencontrer les chefs et de leur obtenir les terrains. Le terrain acquis, avec l’aide de la population, ils bâtissaient la chapelle, l’école et la case d’habitation si le missionnaire devait y résider.
1.1- L’école.
Les missionnaires voyaient en l’école un moyen incontournable pour l’évangélisation. Pouvait-il en être autrement puisque c’est là qu’on pouvait s’initier à l’allemand et pouvoir communiquer avec eux .
1. 2- Le problème de la femme.
Les missionnaires ont été très tôt frappés par le problème de la femme et la polygamie. S’attaquer à la polygamie était l’une de leurs préoccupations. Ils ont sans doute critiqué le système dans leurs prédications ce qui progressivement dressera les chefs et les notables contre eux. Toutefois, la prédication ne pouvait à elle seule éradiquer un système social millénaire qui n’avait pas tellement de problème avec ceux qui en vivaient. C’est ainsi qu’ils ont songé que l’éducation des filles rendrait ces dernières plus conscientes de leur situation et elles-mêmes pourraient contribuer à améliorer leur sort. Les Pères feront donc venir les Sœurs de la Divine Providence de Münster en mai 1914 pour s’occuper de cette tâche.
2- La catéchèse des adultes.
Ce qui frappe c’est que les missionnaires allemands prenaient la catéchèse très au sérieux. Ils ne se sont pas précipités à distribuer le baptême comme certains missionnaires, ce que d’aucuns appelleraient « baptême par décret ». E janvier 1913, les premiers baptêmes ne seront administrés qu’à la fête-Dieu 1914 à 16 personnes.

3. Célébration eucharistique et le marché du dimanche.
Les célébrations eucharistiques dominicales exerçaient un attrait chez les adultes. La messe se disait en latin et les chants grégoriens fascinaient par leur mélodie. Le Père Zicke témoigne :
Là (à la célébration eucharistique),se retrouvaient les anciens du peuple qui ,en entendant chanter les enfants de leur tribu les mélodies de notre grégorien, la messe des anges et quelques simples chants dans leur langue natale, cela leur paraissait chose d’un autre monde… Tant il est ainsi que même les plus invétérés de leurs coutumes païennes, viennent avec plaisir pour être présents aux offices de notre Sainte Mère l’Eglise. Il fallait voir avec quel orgueil les anciens admiraient les enfants de leur peuplade en les écoutant chanter des choses si étranges qu’ils n’avaient pas encore entendues jusque là .

Conclusion
Forcés de quitter précipitamment le Cameroun en 1915, leur pays, l’Allemagne, ayant déclanché la guerre contre leurs « délogeurs », les anglais (présents au Nigeria), nos missionnaires allemands laissaient derrière eux 26 écoles avec 1585 élèves, deux centres de santé, trois stations résidentielles et 22 postes secondaires. Malgré la courte durée, le travail qu’ils avaient abattu laissera des marques bien perceptibles et durables.

dimanche 22 août 2010

jeudi 19 août 2010

L’administration avant la colonisation

Dans la région qui allait devenir le Cameroun, les gens vivaient dans de petites sociétés bien organisées; elles étaient sous l’autorité de chefs, de rois, de Fons, de Lamibé… L’autorité de chef de village était surtout respectée en temps de guerre et à sa mort, les gens ne reconnaissaient pas forcément son fils comme chef à moins qu’il n’ai aussi les qualités requises de force et de bravoure à la guerre.
Les peuples de côte et de la forêt
Certains rois : William, Akwa ou Bell s’enrichirent grâce à leur main mise sur le commerce avec des Européens. Toutefois, leurs royaumes ne furent jamais très étendu. Les chefs des peuples de la côte et de la forêt étaient très différents de ceux des GrassFields car ils n’avaient pas autant d’épouses, de domestiques et d’enfants. Chez les peuples de la forêt du littoral et du Centre-sud, comme les Bassa et les Beti, le pouvoir politique était organisé dans le cadre de ce qu’on a appelé la «démocratie villageoise», système contrôlé par les aînés des lignages et des familles et par des responsables de confréries.

Les peuples du Nord
Depuis des siècles, le Nord avait disposé de gouvernements bien organisés. La majorité vivant sous l’autorité de chefs et de leur substitut. Dans cette société, le chef commandait l’armée, passait des traités de commerce, de paix et si nécessaire décidait d’engager ou non son armée dans la guerre. Il avait plusieurs femmes et nombreux serviteurs. Chaque adulte de son territoire devait lui payer l’impôt. Lorsque les peuls (musulmans) arrivèrent au 18ème siècle, ils transformèrent les chefferies en Lamidat. Le Lamido était en même temps chef religieux et politique. Ils faisaient la guerre à leurs voisins pour les convertir à l’Islam. Ils avaient de nombreuses épouses et beaucoup d’enfants qui recevaient à l’âge adulte un terrain non loin du palais pour construire leur demeure.

Les Habitants des GrassFields de l’Ouest
Ce sont les Bamilékés, les Bamenda, les Bamoun. Ils étaient organisés en puissantes chefferies sous l’autorité des Fon, de Fonte, de Fais. Le Fon était le titre le plus élevé. Celui ci était chargé de la protection de la terre et de son peuple. Ils avait plusieurs épouses qui avaient chacune sa maison dans le palais. Ensuite venait les Fonte qui avaient sous leur autorité de vastes groupes de gens mais devaient régulièrement rendre hommage au Fon. Enfin, venaient les conseillers et les Ntchinda.
Les Bamoun avaient des croyances traditionnelles puis devinrent chrétiens avec l’arrivée des Européens, mais sous l’influence du puissant Lamido de Banyo, une bonne partie se converti à l’Islam. Le plus connu des souverains Bamoun est le roi NJOYA qui inventa un moulin à broyer le maïs et mis au point un système d’écriture.

dimanche 15 août 2010

ken navarro

Washington Carver génial inventeur africain américain



Peu d’esprits connus au 20ème siècle ont démontré le génie de George Washington Carver, ancien esclave devenu chimiste, inventeur surdoué, dévoué à la cause des Africains d’Amérique et au progrès du genre humain, il laissa à la postérité une impressionnante somme de découvertes en agriculture et botanique notamment.

Il n’est pas banal de voir un ancien esclave non pas affranchi mais rendu à la liberté par l’abolition de l’esclavage se hisser aux plus hautes marches de la science et des découvertes, forçant la reconnaissance de l’élite américaine blanche aux âges rudes de la discrimination faciale.

C’est un jeune homme profondément marqué par la foi chrétienne, qui gagne ses premières batailles par la conquête de l’écriture, de la lecture, de la culture. Visiblement précoce Carver présente un brillant parcours scolaire dans le Missouri, l’Arkansas, obtenant un baccalauréat en 1894 au collège agricole de l’Iowa, décrochant deux ans plus tard une maîtrise en sciences.

Cette ascension jusqu’à la distinction de maîtrise en sciences agronomiques ne se sera pas faite sans heurts raciaux, puisqu’une bourse avait été refusée à Carver lorsque les responsables du Highland college se rendaient compte de visu de la couleur rédhibitoire de sa peau, après en avoir attribué dans un premier temps l’allocation au brillant Africain Américain.

Très attiré par la botanique et l’agronomie, l’intérêt du jeune Carver débordait ses frontières disciplinaires pour embrasser la musique et la peinture. Il allait se dévouer à une vie d’enseignement et de recherche, par l’identification de nouvelles espèces de champignons, les progrès dans la lutte contre les maladies des plantes, les plantes qui attaquent d’autres plantes. Des arachides il réussit à extraire plus de 250 produits, shampooing, vinaigre, savon…Il tira plus d’une centaine de produits à partir de la pomme de terre, parmi lesquels la farine, la tapioca, l’encre, le caoutchouc synthétique. Lors de la surproduction de coton aux Etats-Unis, il proposa un moyen d’écouler la matière première surabondante en inventant un procédé d’utilisation de cette matière pour la fabrication des planches d’isolation, du papier, du cordage etc.

Le génial Carver créa une matière plastique à partir du soja, Henry Ford l’utiliserait d’ailleurs pour certaines pièces d’automobiles. Ces recherches sur les engrais, au bénéfice des Africains Américains travaillant dans les champs, contribuèrent à régénérer les cultures traditionnelles du sud esclavagiste, le coton et le tabac, vieillies par des siècles de surexploitation.

Carver resta très attaché à sa communauté et accepta le poste de directeur de recherche au Tuskegee Normal and Industrial Institute -Alabama- que lui proposa le leader africain américain Booker T. Washington. Malgré les sollicitations richement dotées provenant notamment de Henry Ford pionnier de l’automobile et de Thomas Edison, Carver déclina ces offres pour se consacrer à la recherche au profit de sa communauté et de la société américaine.

L’ancien esclave devenu inventeur de génie, en prenant une revanche sans commune mesure contre l’histoire fut élu membre de la Société Royale des Arts, de l’Industrie et du Commerce de Grande Bretagne en 1916, plusieurs distinctions telles que celle de docteur honoris causa décernée par le Collège Simpson en 1928. En 1940 il fut proclamé homme de l’année et en 1948 un timbre-poste à son effigie fut émis.

Ce grand homme et exceptionnel esprit qui s’éteint en 1943 aura marqué le monde par ses découvertes.

mercredi 11 août 2010

mercredi 4 août 2010

Le mont Cameroun "le char des dieux "


Situation géographique
Le Mont Cameroun est la plus haute montagne d’Afrique Centrale et de l’Ouest. Cet immense massif volcanique de 4095 m d’altitude est situé au fond de la baie du Biafra dans le golfe de Guinée, avec un grand axe qui s’étend du Sud-ouest au Nord-est sur près de 45 km de long et 30 km de largeur. Le site situé dans la province du Sud-Ouest,
Limites et étendue
Le complexe Mont Cameroun couvre une zone d’environ 2500 km², dont quelques 750 km² sous couvert forestier. Il est constitué de plusieurs sous sites parmi lesquels on compte trois réserves forestières déjà classées et délimitées, et quatre sous sites en voie de classement. Ces trois réserves forestières sont:
• La réserve forestière de Bambuko créée en 1939 avec une superficie de 267 km².
• La réserve forestière de la rivière Mokoko (créée en 1952 couvre une superficie de 91 km².
• La réserve forestière du Sud Bakundu est située au Nord-est couvre une superficie de 194km².

Les autres sous sites en voie de classement sont les suivants:
• Le sous-site de la région côtière ou «West Coast» est situé sur le versant Sud-ouest du Mont Cameroun. avec une superficie de 360 km². Ce sous site est probablement la partie la plus riche et la plus diversifiée du Mont Cameroun Il possède l’un des points les plus humides du monde à savoir le Cap Debundscha qui reçoit 10 à 15 m de pluies par an. En plus, c’est l’unique partie du Mont Cameroun où la végétation s’étale du niveau de la mer jusqu’au sommet situé à 1750 m.
• La région côtière de Mabeta-Moliwe a une superficie de 36 km². Elle est située au pied du Mont Cameroun au versant Sud-est à l’Est de Limbe et s’élève jusqu´à 300 m d’altitude.
• La région côtière de la rivière Onge est située au Sud de la réserve forestière de la rivière Mokoko et couvre une surface de 180 km².
• Les villages d’altitude dénommés «Upper Villages» situés au Sud et au Sud-est du Mont Cameroun, s’étalent de Lower Boando au Sud à Bonakanda au Sud-est.

Relief et réseau hydrographique
Le site s’étale du niveau de la mer à 4095 m d’altitude au sommet du Mont Cameroun. C’est l’un des volcans les plus actifs d´Afrique, et le plus haut sommet de l´Afrique centro-occidentale. Il possède de nombreux petits cônes secondaires parmi lesquels le Mont Etinde qui culmine vers 1715 m, sur le flanc Sud au-dessus de Bakote. Malgré une pluviométrie abondante, on trouve peu de cours d´eau permanents sur le massif principal. Par contre le site est parcouru par de nombreux ruisseaux, sources, rivières et lacs, surtout en basse altitude .
Climat
La région du mont Cameroun a un climat subéquatorial sous régime de mousson à une saison sèche (novembre à mai) et une saison humide (juin à octobre). Le flanc Sudouest, face au flux de la mousson est excessivement pluvieux et humide avec plus de 12 m de pluie par an .
De plus, il y règne un climat à faibles précipitations et à forte humidité. L’humidité relative est très forte dans la zone côtière Ouest (moyenne annuelle 85%), elle diminue à moins de 75% pour les autres zones.
Végétation
Le Mont Cameroun a une richesse biologique unique avec un couvert végétal riche, dense et diversifié. C’est la seule zone en Afrique où la végétation s’étale du niveau de la mer jusqu’à son altitude maximale. Entre 500 m et 1800 m d’altitude sur les versants Nord-ouest et Ouest du Mont Cameroun. Il y a la «Brousses à éléphants» parce qu’il est le domaine favori des éléphants qui y trouvent une nourriture abondante. Cette végétation est formée de hautes plantes herbacées.


Faune
Le Mont Cameroun a une faune unique dont la répartition est régie par les conditions écologiques, l’hydrographie qui servent à l’alimentation d’une forte concentration des mammifères dans les forêts de basse altitude. On y rencontre des grands mammifères comme les éléphants, les chimpanzés, les phacochères, les babouins, les drills, et les guibs harnachés.
On rencontrait autrefois beaucoup d´éléphants de forêt sur toute la région de basse altitude autour du Mont Cameroun, mais actuellement ils ont été décimés et les derniers rescapés ne constituent qu’une population de 40 à 200 individus .

L´avifaune de haute et de basse altitude est abondante et diversifiée avec près de 210 espèces d’oiseaux. De plus, 20 des 28 espèces d´oiseaux endémiques des montagnes ont été recensées sur le Mont Cameroun. Le site possède également trois espèces endémiques de papillons, deux espèces endémiques de caméléons, une espèce endémique de lézard, et une espèce endémique d’écureuil.
Malheureusement le braconnage a largement contribué à la destruction de la faune sauvage et des équilibres naturels.
Peuplement humain
Plusieurs peuplements humains vivent autour du Mont Cameroun. La population est estimée à plus de 200 000 personnes réparties dans plus de 40 villages et 20 campements des plantations industrielles

Généralement, plusieurs plantes médicinales sont récoltées par les populations .

lundi 2 août 2010

Maysa leak

Aimé Césaire le défenseur de la négritude.



Aimé Césaire, de son nom complet Aimé Fernand David Césaire, né le 26 juin 1913 est un poète et homme politique français de Martinique. Il est l'un des fondateurs du mouvement littéraire de la négritude et un anticolonialiste résolu.
Son grand-père fut le premier enseignant noir en Martinique et sa grand-mère, contrairement à beaucoup de femmes de sa génération, savait lire et écrire ; elle enseigna très tôt à ses petits-enfants la lecture et l'écriture.
En septembre 1931, il arrive à Paris en tant que boursier du gouvernement français pour entrer en classe d'hypokhâgne au lycée Louis-le-Grand où, dès le premier jour, il rencontre Léopold Sédar Senghor, avec qui il noue une amitié qui durera jusqu'à la mort de ce dernier.

Émergence du concept de négritude
Au contact des jeunes africains étudiant à Paris, notamment lors des rencontres au salon littéraire de Paulette Nardal, Aimé Césaire et son ami guyanais Léon Gontran Damas, qu’il connaît depuis la Martinique, découvrent progressivement une part refoulée de leur identité, la composante africaine, victime de l'aliénation culturelle caractérisant les sociétés coloniales de Martinique et de Guyane.
En septembre 1934, Césaire fonde, avec d’autres étudiants antillo-guyanais et africains (parmi lesquels Léon Gontran Damas, le Guadeloupéen Guy Tirolien, les Sénégalais Léopold Sédar Senghor et Birago Diop), le journal L'Étudiant noir. C’est dans les pages de cette revue qu’apparaîtra pour la première fois le terme de « Négritude ». Ce concept, forgé par Aimé Césaire en réaction à l’oppression culturelle du système colonial français, vise à rejeter d’une part le projet français d’assimilation culturelle et à promouvoir l’Afrique et sa culture, dévalorisées par le racisme issu de l'idéologie colonialiste.

Construit contre l'idéologie coloniale française de l'époque, le projet de la Négritude est plus culturel que politique. Il s’agit, au-delà d’une vision partisane et raciale du monde, d’un humanisme actif et concret, à destination de tous les opprimés de la planète. Césaire déclare en effet : « Je suis de la race de ceux qu’on opprime ».
En 1935 il commence à y écrire le Cahier d'un retour au pays natal, qu'il achèvera en 1938.

Le combat culturel sous le régime de Vichy
La situation martiniquaise à la fin des années 1930 est celle d'un pays en proie à une aliénation culturelle profonde, les élites privilégiant avant tout les références arrivant de la France, métropole coloniale. En matière de littérature, les rares ouvrages martiniquais de l'époque vont jusqu'à revêtir un exotisme de bon aloi, pastichant le regard extérieur manifeste dans les quelques livres français mentionnant la Martinique. Le couple Césaire, épaulé par d'autres intellectuels martiniquais comme René Ménil, Georges Gratiant et Aristide Maugée, fonde en 1941 la revue Tropiques. Alors que la Seconde Guerre mondiale provoque le blocus de la Martinique par les États-Unis (qui ne font pas confiance au régime de collaboration de Vichy), les conditions de vie sur place se dégradent. Le régime instauré par l’Amiral Robert, envoyé spécial du gouvernement de Vichy, est répressif. Dans ce contexte, la censure vise directement la revue Tropiques, qui paraîtra, avec difficulté, jusqu’en 1943.
Sa pensée et sa poésie ont également nettement marqué les intellectuels africains et noirs américains en lutte contre la colonisation et l'acculturation.
Après guerre, le combat politique.

En 1945, Aimé Césaire, coopté par les élites communistes qui voient en lui le symbole d'un renouveau, est élu maire de Fort-de-France. Dans la foulée, il est également élu député, mandat qu'il conservera sans interruption jusqu'en 1993. Son mandat, compte tenu de la situation économique et sociale d'une Martinique exsangue après des années de blocus et l'effondrement de l'industrie sucrière, est d'obtenir la départementalisation de la Martinique en 1946.

Il s'agit là d'une revendication qui remonte aux dernières années du XIXe siècle et qui avait pris corps en 1935, année du tricentenaire du rattachement de la Martinique à la France par Belain d'Esnambuc. Peu comprise par de nombreux mouvements de gauche en Martinique déjà proches de l'indépendantisme, à contre-courant des mouvements de libération survenant déjà en Indochine, en Inde ou au Maghreb, cette mesure vise, selon Césaire, à lutter contre l'emprise béké sur la politique martiniquaise, son clientélisme, sa corruption et le conservatisme structurel qui s'y attache. C'est, selon Césaire, par mesure d'assainissement, de modernisation, et pour permettre le développement économique et social de la Martinique, que le jeune député prend cette décision.
En 1947 Césaire crée avec Alioune Diop la revue Présence africaine. En 1948 paraît l'Anthologie de la nouvelle poésie nègre et malgache, préfacée par Jean-Paul Sartre, qui consacre le mouvement de la « négritude ».

Aimé Césaire restera maire de Fort-de-France jusqu'en 2001. Le développement de la capitale de la Martinique depuis la Seconde Guerre mondiale est caractérisé par un exode rural massif, provoqué par le déclin de l'industrie sucrière et l'explosion démographique créée par l'amélioration des conditions sanitaires de la population.
La politique culturelle d'Aimé Césaire est incarnée par sa volonté de mettre la culture à la portée du peuple et de valoriser les artistes du terroir. Son Discours du colonialisme fut pour la première fois au programme du baccalauréat littéraire français en 1994, avec le Cahier d'un retour au pays natal.
Aimé Césaire s'est retiré de la vie politique (et notamment de la mairie de Fort-de-France en 2001 mais reste un personnage incontournable de l'histoire martiniquaise jusqu'à sa mort. Après le décès de son camarade Senghor, il est resté l'un des derniers fondateurs de la pensée négritudiste.

Jusqu'à sa mort, Aimé Césaire a toujours été sollicité et influent.
Rétrospectivement, il restera sans doute dans les mémoires comme le "nègre fondamental" et comme l'un des plus grands poètes en langue française du XXe siècle, peut-être le plus grand, mais non comme un chef politique ayant véritablement influencé son époque.
il décède le 17 avril 2008 au matin