dimanche 31 juillet 2016

l'ile de djébalé

"C'est en 1800 que les Allemands ont découvert Djébalè durant leur présence au Cameroun ". Au départ, une femme sirène nommée Djobalè. Et aujourd'hui, un village sans eau, ni électricité... Le nom de l'île est trouvé par l'épouse du 1er noir à arriver sur les lieux. La légende dit qu'il sortait avec une femme sirène nommée Djobalè. Une femme avec laquelle il aurait eu plusieurs enfants. D’où le nom Djébalè. Aux XVIIIe et XIXe siècles, des milliers d'esclaves furent déportés vers l'Amérique. Si l'Histoire a retenu le nom de Gorée (Sénégal), elle découvre tout juste l'existence du comptoir de Bimbia, au Cameroun. Des bambous d’Inde recourbés forment une voûte, comme une porte se refermant sur le visiteur. Sur l'île de djébalé, nous nous trouvons à l’entrée du comptoir négrier de Bimbia, un petit village juché sur les hauteurs de la ville balnéaire de Limbé, dans le sud-ouest du Cameroun. Découvert en 1987, Bimbia est aujourd’hui un site culturel classé au patrimoine national par l’État camerounais, qui rêve de l’inscrire au patrimoine mondial de l’Unesco. Des archéologues arpentent cette nouvelle "route de l’esclave" après qu’y ont été découverts de nombreux vestiges. Mais plusieurs années de recherches dans les archives et sur le terrain, entre Afrique, Europe et Amérique, seront encore nécessaires pour que Bimbia se transforme en un lieu de pèlerinage majeur. Il faut enjamber les restes d’un gué pour découvrir les ruines d’une dizaine de structures. Ce comptoir longtemps resté méconnu bénéficiait d’un environnement hostile, entre collines, ravins, volcan et côte rocheuse, qui n’offrait aux captifs aucune échappatoire… Repris par les historiens Stephen Fomin et Henry Kah et par l’archéologue Rachel Mariembe, des témoignages indiquent que, pendant la période d’intense commerce d’esclaves, les Isubus utilisaient ces obstacles naturels pour se cacher et se procuraient les esclaves dans l’arrière-pays. La position géographique de Bimbia était stratégique : sur le golfe de Guinée, à l’est de la baie de Biafra, entre Rio del Rey et Cameroon River (l’actuelle ville de Douala). Le maître des lieux, le roi Bilè, surnommé par les Anglais King William of Bimbia, était un homme d’affaires avisé, connu pour avoir convaincu les chefs des deux autres villages de l’État de prendre part au trafic, et pour l’avoir poursuivi après l’abolition de l’esclavage ! La tradition orale, confirmée par des recherches américaines, révèle que douze ou treize navires quittèrent Bimbia. Baptisé Falstaff, le premier a levé l’ancre en 1776 en direction de l’île Saint-Vincent. Le dernier, le Gabriel Dios Amigos, du capitaine Fena Manuel Gireau, parti en 1838, a accosté à Cuba. On retrouverait ainsi trace des esclaves qu’ils transportèrent en Caroline du Nord, au Brésil, en Guyane et à la Jamaïque. Au total, ce sont 2 393 hommes – 42,3 % d’enfants – qui embarquèrent à Bimbia, 2 078 étant parvenus à destination. Des notables de Dikolo et de Douala détiendraient encore des documents écrits datant de cette époque.l’un des vestiges les plus révélateurs de l’abjection de la traite bat en brèche la théorie de l’imposture : la mangeoire des esclaves, une auge oblongue sur laquelle il est possible d’observer des restes de chaîne métallique. A l’intérieur des bâtiments, désormais colonisés par des fromagers centenaires, se dressent encore de monumentaux pylônes de brique et de pierre. Des marques profondes suggèrent que les captifs y étaient enchaînés. Si Bimbia est depuis quatre ans sous le feu des projecteurs, c’est sans doute grâce à l’Ancestry Reconnection Program ("programme de retour aux origines"), initié aux États-Unis depuis des décennies par l’association ARK Jammers et qui vise à identifier les trajectoires des navires négriers. Se fondant sur des tests ADN de la firme américaine African Ancestry, il a permis de désigner Bimbia comme l’un des ports d’embarquement. Plus de 8 000 Africains-Américains, dont les acteurs et producteurs Eddy Murphy et Spike Lee, ou encore Quincy Jones, se sont ainsi découvert des racines dans l’actuel Cameroun. Et depuis 2010, ils sont plus de cent cinquante à y avoir entrepris une quête de soi, cherchant à retrouver un peu de la culture de leurs ancêtres. Lors de mon voyage au Cameroun en 2011, j'ai voyagé avec un groupes de noirs américains, dont une actrice de série télé très connue, qui retournait au Cameroun dans cet esprit. C'était pour moi aussi un retour au source. pour ces américains qui ont voyagés avec moi, ils se sont autobaptisés "Caméricains", ces Cameroonian Americans sont donc passés par Bimbia. Une étape à leurs yeux si symbolique et si incontournable qu’ils se soumettent aujourd’hui à une cérémonie de purification dans l’océan Atlantique, suscitant un regain d’intérêt et des levées de fonds. C’est d’ailleurs l’ambassade des États-Unis qui, la première, a décidé d’agir. c'est une chance pour l'histoire que le Cameroun ait à travers Bimbia permit au monde de se souvenir de cette période douloureuse qui a aussi frappé le Cameroun.