mercredi 17 octobre 2012

Eglise catholique d'AKONO

La commune d'Akono est située à 60 kms de la capitale Yaoundé. Elle est située dans le département de la Mefou et Akono est composée de 36 villages. l'église catholique d'Akono est la principale attraction de la ville et elle est assez imposante avec une dimension de 70 mètres de long, 20 m de hauteur et 20 m de large. C'est une copie de la cathédrale Notre Dame de Paris en France, cette église située en plein centre ville marque par son histoire, son architecture, l'emprunte de la christianisation imposée par la France.A l'époque, les missionnaires multipliaient des stratégies pour impressionner les indigènes. C'est dans cet esprit que les catholiques ont construit cette immense bâtisse dans laquelle plusieurs fils de la localité vont perdre la vie puisqu'elle a été construite à la main. C'est donc de 1933 à 1937 que l'église catholique d'Akono va sortir de terre. Après la perte de la première guerre mondiale par les allemands, la France va s'implanter dans la localité. Mais très vite vont se poser les problèmes de communication entre ceux-ci et les autochtones. C'est pour résoudre ce problème que les alsaciens seront choisis. Les alsaciens qui ont la particularité d'être bilingues et parlent le français et l'allemand sont indiqués pour la situation. C'est donc ainsi qu'Akono s'enrichit d'un peuplement français et singulièrement alsacien. Lorsque survient la prise de Paris par les Allemands, 2 personnalités vont émerger sur la scène politique française ; Le maréchal Pétain favorable à l'annexion de la France par l'Allemagne et le général De Gaulle qui y est hostile. Parmi les personnalités militaires favorables au Général De Gaulle, apparaît le Général Leclerc. Celui-ci cherche exil en Afrique pour préparer la reconquête de la France. Informé que la communauté française du Cameroun et celle d'Akono lui sont favorables, le général de GAULLE va y trouver refuge. Parvenu à Akono, le général Leclerc fait une communication pour demander l'aide des Betis, communautés du Centre et du Sud du Cameroun. C'est donc fort de ce soutien qu'il s'élance vers d'autres pays de la sous-région. De fait à Akono, les populations ont le sentiment que leurs ancêtres ont participé à la libération de la France. Aujourd'hui encore la présence de la France et surtout de l'Alsace est très marquée dans la localité. Au-delà de l'église catholique qui domine en hauteur le centre de la ville. Il y a une très forte présence de religieuses regroupées autour des sœurs de la croix de Strasbourg. Akono est également la seule mairie du Cameroun dirigée par un étranger. Marie Hélène Ngoa, d'origine française a remporté les dernières élections face à Daniel Anicet Noah, un natif de la localité. Une véritable curiosité. Pour le candidat malheureux pourtant, il n'y a rien de surprenant à cela car il faut savoir que Akono est de par son histoire est une ville française. Une autre emprunte de la France à Akono est le collège Stoll. L'établissement privé catholique fondé en 1963 par Monseigneur Jean Zoa, doit son nom à un prêtre alsacien, Antoine STOLL, fondateur de la mission catholique d'Akono. Lors de mon voyage au Cameroun je n'ai hélas pas eu le temps de m'y rendre alors que je l'avais programmé à mon départ de la France.

lundi 15 octobre 2012

Le lac municipal de Yaoundé

Le lac municipal de Yaoundé a été pendant mon adolescence un petit bout de paradis. Il était entouré de grands palmiers et de papayers, l'eau était transparente. Ca sentait bon la nature, la vraie,la pure, on s'y baignait. A force de monter toujours sur les mêmes palmiers, ils devenaient complètement courbés et c'était notre plongeoir. A chaque fête de la jeunesse le 11 février de chaque année, c'était des courses folles de pirogues agrémentées de danses folkloriques traditionnelles sur les berges durant toutes les courses. Jusqu'à peu près 1972/74 le lac était vidé totalement tous les 2 ou 5 ans, et la pêche libre au poisson chat était ouverte pendant une semaine. C'était aussi l'occasion de regénérer l'espèce. A vrai dire ce poisson qui n'a pas de goût n'était pas spécialement apprécié de la population, mais comme c'était gratuit et ça faisait partie finalement de la culture locale, ce moment était attendu avec impatience chaque année et tous les ans on entendait souvent, les gens raconter leur aventures de l'année précédente et on espérait toujours en pêcher plus encore. C'était vraiment la belle époque comme sur la photo en dessous.
Avant de voir à quoi il ressemble hélas aujourd'hui, un peu d'histoire. Ce lac n’a été crée qu’en 1952 sous l’impulsion d’une figure emblématique de Yaoundé : Georges Kyriakidès, qui était un riche et influent commerçant grec. C'est à partir de lui qu'il y a eu une forte migration de grecs et de Libanais au Cameroun surtout dans le commerce et les garages automobiles. Ce dernier ayant reçu en cadeau un hors bord a réussi a convaincre les autorités de l’époque de créér un lac, ce qui fut décidé le 15 juillet 1951. L’emplacement choisi est alors connu comme la vallée du plateau Atemengue, endroit idéalement situé entre le quartier administratif et le quartier résidentiel de l’époque. Les travaux durèrent une année et en avril 1952, le lac était devenu réalité. En septembre 1952, pour la première fois un hors bord faisait ses premiers ronds dans l’eau en plein centre de Yaoundé. Le lac connait un véritable engouement et en 1953 est créé le club nautique où étaient régulièrement organisées des fêtes et des activités prisées des Yaoundéens les dimanches après midi, mais essentiellement les riches notables locaux et les blancs à vrai dire. A cette époque il y avait une forte communauté de Français. Ils étaient nombreux dans les métiers de santé, de l'enseignement et les loisirs de luxe. Dans les années 70, commence le retour en France de ces coopérants. En effet la situation n'est plus aussi confortable pour eux d'autant plus qu'il y a de plus en plus de Camerounais qui rentent au pays pour légitimement occuper les places des blancs qui leur était à la sortie de la colonisation un peu défendues. Par exemple les instituteurs de l'école Française "du centre" n'étaient plus systématiquement remplacés par des Français, mais par des Camerounais qui reprenaient en main leur pays. Les bords du lac abritèrent la foire de Yaoundé avant que celle ci ne soit délocalisée au quartier Tsinga. Hélas le temps a eu raison de ce lieu singulier et le lac a perdu de sa superbe avec la fermeture du club nautique et la problématique de sa pollution. Malgré cela le lac reste la seule étendue d’eau en plein centre de Yaoundé avec une longueur de 800 m et une largeur de 300 m. Il est entouré de grands ministères qui ont hélas perdu aussi leur belle couleur d'antan pour épouser celle de la latterite, couleur ocre. Quand je suis retourné à Yaoundé en décembre 2011, la vue de ce lac abandonné a fait mal à ma mémoire et mes souvenirs. Aujourd'hui le lac ressemble à ça:
Malgré tout je l'ai connu quand il était une splendeur et c'est l'image que je veux garder de lui.

dimanche 14 octobre 2012

El Debarge

Joseph Bologne

Joseph Bologne est né à La Guadeloupe le jour de Noël de l’an 1745, il est le fils d'une esclave africaine appelée Anne, Nanon ou bien encore « La Belle Nanon », créole née sur l'île en 1723 à l’habitation dite du Grand Cul de Sac, et de M. de Bologne Saint-Georges (1711-1774), protestant d’origine néerlandaise, gentilhomme ordinaire de la chambre du Roi, et propriétaire d’une plantation prospère à La Guadeloupe. Cet enfant n’aurait vraisemblablement eu aucun avenir s’il était resté sur son île natale du temps des lois scélérates du « Code Noir » instituant l'esclavage sur les îles à sucre du Royaume de France et des décrets de 1777 et de 1778, « interdisant l'entrée en France aux nègres, mulâtres et gens de couleur libres ainsi que les mariages interraciaux. » Deux années après sa naissance, en décembre 1747, M. de Bologne Saint-Georges doit quitter Basse-Terre précipitamment. Au cours d’une visite à son oncle Samuel de Bologne, M. de Bologne et Pierre-Julien Le Vanier de Saint-Robert qui ont fait ample consommation de « punch », en viennent à se battre en duel. Le Vanier de Saint-Robert qui semblait avoir été blessé sans gravité, meurt trois jours plus tard. Cet évènement va bouleverser l'histoire. M. de Bologne sait qu’il va être accusé d’homicide et qu’il risque la confiscation de ses biens. Craignant que sa chère Nanon et son fils ne soient vendus avec tous les esclaves de la plantation, M. de Bologne décide de quitter l’île et de prendre un navire en partance pour le port de Bordeaux.Il a été bien avisé de quitter La Guadeloupe car il est condamné à mort par contumace, à la confiscation de tous ses biens et pendu en effigie sur la place de Basse-Terre en mai 1748. En 1753, alors que l’enfant n’a que huit ans, M. de Bologne décide de faire donner à son fils une éducation de jeune aristocrate et part avec lui pour la France. Deux ans plus tard, Nanon rejoint son fils et vit sous le toit de Georges.Quand Joseph a 13 ans, avant de repartir pour La Guadeloupe, Georges place son fils en pension chez Nicolas Texier la Boëssière, homme de lettres et excellent maître d’armes, qui va coordonner les études du jeune Joseph et devenir son père spirituel. La Boëssière fait de son élève un fleurettiste d’exception et dès l'âge de quinze ans, le jeune Joseph domine les plus forts tireurs.C'est incontestablement la plus fine lame de son temps, Il ne faut pas oublier que les aristocrates forment alors le corps social appelé « la noblesse d'épée ». Seuls les nobles sont alors dignes de porter l'épée et d'apprendre à s'en servir. Il bénéficie de l’article 59 du Code Noir selon lequel « les affranchis ont les mêmes droits, privilèges et immunités dont jouissent les personnes nées libres ». Joseph de Saint-Georges conservera cette charge pendant onze années et pourra prendre le titre de chevalier comme tel est son droit. Il a plusieurs cordes à son arc, car il est aussi un excellent musicien, violoniste virtuose, compositeur de sonates, de symphonies concertantes pour quatuor d'archets, de concertos et de comédies mêlées d'ariettes. Chef d’orchestre respecté, il va diriger les formations les plus prestigieuses de France et probablement d’Europe. Malgré tout il est quand même victime de la couleur de sa peau dans ce milieu aristocratique. De 1795 à 1797, il disparaît des cercles parisiens. Les biographes du Chevalier affirment que durant cette période, il a séjourné à Saint-Domingue où il aurait rencontré Toussaint Louverture. Toutefois, le séjour de Saint-Georges à Saint-Domingue après son incarcération est source d’incertitude. Saint-Georges meurt à Paris le 10 juin 1799 d’une infection de la vessie. Là encore, contrairement à ce qui a pu être écrit, sa mort est honorée dignement. Au même titre que la négresse solitude il demeure pour la Guadeloupe un illustre personnage.