mardi 12 janvier 2010

La case de la tante sophie


La case de la tante sophie la petite soeur de mon père ressemblait à la photo ci-dessus, très loin du confort de la maison de mon père, mais plus chaleureuse un vrai paradis. La tante sophie un petit bout de femme d'1 m 40 mais une très forte personnalité. Elle n'était jamais allée à l'école ne savait ni lire ni écrire, mais était une vraie bibliothèque et d'une grande sagesse de la vie. Elle avait vu les premiers blancs, les missionnaires arriver au Cameroun. C'est la seule femme qui grondait mon père et qui lui demandait de se taire quand elle parlait et de baisser les yeux, chose incroyable mon père s'exécutait en silence. Le grand drame de ma tante c'est de n'avoir pas eu d'enfant alors j'étais son petit le z'enfant " c'est le seul mot qu'elle connaissait en français" qui était un peu blanc et un peu noir. Dans cette case il n'y avait au début ni eau courante ni électricité. On s'éclairait à la lampe tempête qui donnait une luminosité très intimiste. J'allais chercher l'eau à la fontaine publique lieu de rencontre pour les filles qui à ce moment là, n'étaient pas sous la surveillance des parents et chose extraordinaire autour de la fontaine il y avait plein de verdure. Nous rivalisions de dextérité auprès des filles le vainqueur et le plus fort était celui qui gardait le plus longtemps possible tout en marchant le seau d'eau en équilibre sur la tête sans faire tomber une seule goutte d'eau et sans tenir le seau avec ses mains évidemment. J'avoue je ne gagnais pas souvent. J'étais fasciné par ses histoires celles de mes ancêtres les noirs et aussi les blancs forcément. Elle les racontait dehors autour d'un feu c'était le seul moment où elle fumait et buvait un alcool non identifié qu'elle fabriquait elle même dans la chambre, breuvage interdit bien sûr, et qu'elle vendait discrètement à des policiers évidemment. Quelques années plus tard, mon père a fait installer l'électricité et l'eau ce qui ne faisait pas spécialement plaisir à ma tante, qui a toujours vécu sans, pour elle c'était les trucs des blancs,futils. Il y avait désormais de la chaux sur le ciment qui recouvrait les murs en latérite rouge, et le toit était devenu en tôle. Quand il faisait chaud on entendait les tôles crépiter et les pas des margoullats "gros lézard très colorés" qui courraient sur les tôles chaudes. Quand il pleuvait j'aimais entendre le bruit de la pluie qui tombait sur les tôles.
C'était une excellente cuisinière, j'allais la voir au moins une fois par semaine. Chaque fois qu'elle me voyait elle avait de la peine car j'étais tellement maigre "ma nature je précise" qu'elle me gavait et grondait mon père chaque fois qu'elle le voyait, car pour elle il ne me donnait pas assez à manger. Il faut dire que j'étais tellement loin des critères de bonne santé, car il fallait être gras ???, question de culture. Après manger j'aimais laver les marmites car je le faisais avec de la paille et du sable ce qui remplaçait avantageusement le savon, et les détergents qu'elle n'avait pas," question de moyen", çà m'amusait beaucoup, aujourd'hui je ne sais pas pourquoi. Ma tante m'a donné beaucoup de leçon de vie, beaucoup d'amour et de tendresse comme aucune femme pendant ma vie au Cameroun, ayant vécu sans ma mère. Je l'aimerais jusqu'à mon dernier souffle.

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