vendredi 7 décembre 2012

Retour sur les origines du Cameroun 1ére partie: le rôle de l'Allemagne

Le Cameroun naît entre 1884 et 1914. Les circonstances dans lesquelles les Allemands ont été amenés à mettre la main sur le « Cameroun » demeuraient quelque peu mystérieuses. Plusieurs thèses ont été développées chacune rajoutant des informations importantes et souvent capitales pour connaître les vrais déroulements de ce processus. La région qui allait devenir le Cameroun était alors ethniquement et politiquement très morcelée. On ne comptait pas moins d´une centaine de groupes ethniques différents, parlant chacun son dialecte, adorant chacun ses dieux, possédant chacun son histoire, ses coutumes et ses traditions. Les systèmes politiques allaient du type non étatique (les populations bantu de la forêt « sud-camerounaise » et les populations dites païennes du « Nord-Cameroun »j jusqu´aux formes étatiques du pouvoir (les petits royaumes côtiers, les chefferies Bamiléké, les royaumes Bamoun et Tikar, les principautés Kotoko, les sultanats et lamidats du « Nord-Cameroun », etc.). De même , les structures sociales variaient du type clanique égalitaire jusqu´au type « féodal » fortement hiérarchisé.Le terme même de « Cameroun » n apparaît guère avant le XVIe siècle. Pour rappel, le Cameroun tire son nom d´un mot portugais camarôes), qui signifie « crevette ». Les Portugais atteignirent, en effet, le fond du golfe de Guinée à la fin du XVe siècle, en 1471-72 semble-t-il. Ils furent frappés par un phénomène extraordinaire qui se produit encore de nos jours, tous les quatre ou cinq ans : le pullulement dans une rivière de la côte (le Wouri) de crustacés de couleur blanchâtre. Ils appelèrent le vaste estuaire du Wouri « Rio dos Camaroes », la rivière des crevettes. Sous l´influence espagnole, l´estuaire du Wouri fut désigné sous la forme de « Rio de los Camerones » ou « Rio dos Camerones ». Sous l´influence anglaise, le nom se transforme au XIXe siècle en « Cameroons » (« Cameroons River »). Pendant longtemps, il fut attribué à la contrée sise de part et d´autre des rives du « Fleuve Cameroun » (« le pays des Camarones » ou « la province des Camarones ») et aux habitants de cette même contrée (« les Camarones »). Il fut également donné à l´actuelle ville de Douala (« Cameroons Town », « at Cameroons », « à Cameroun »), et à la montagne voisine (« Cameroons Mountains », « le Mont Cameroun »). Ensuite, les Allemands étendirent la dénomination, de forme germanique, « Kamerun » à l´ensemble du pays, c´est-à-dire à leur colonie, distinguant ainsi le pays de « la ville de Cameroun » qui reçut, à partir de cette date, le nom de « Douala », le nom des populations qui habitent cette région. Les Français en ont fait « Cameroun ». C´est en 1884 que Bismarck se résolut à engager une politique d´expansion coloniale. Mais déjà au début du mois d´avril 1883, à l´occasion d´une convention signée le 28 juin 1882 et publiée en mars 1883 par laquelle l´Angleterre et la France garantissaient réciproquement des droits égaux à leurs commerçants dans leurs possessions africaines, le Chancelier avait demandé à son ministre des Affaires étrangères, le comte Hatzfeld, de faire remettre aux magistrats des villes hanséatiques une note les invitant à proposer des mesures pour favoriser l´extension du commerce allemand sur la côte occidentale d´Afrique. Le 9 juillet, le sénat de Brême en Allemagne recommande deux mesures essentielles: la conclusion de traités de commerce avec les chefs indigènes; la formation d´une escadre chargée de visiter régulièrement les comptoirs allemands pour faire impression sur les indigènes et pour les intimider. Il n´était absolument pas question d´annexions territoriales. Quant à la Chambre de commerce de Hambourg, présidée par le célèbre négociant Adolf Woer-mann, qui avait des intérêts sur la côte occidentale d´Afrique, elle adressa à Bismarck, le 6 juillet, un long et intéressant mémoire. Le fait décisif qui a motivé « le revirement de 1884 » fut incontestablement le mémoire que le conseiller intime de légation aux Affaires étrangères, Henri de Kusserow, adressa à Bismarck le 8 avril 1884. Le fonctionnaire allemand y développait l´idée que, par le biais des compagnies à charte, très en vogue dans les possessions anglaises, l´Allemagne pouvait acquérir des colonies sans que l´État se charge ni de leur administration ni de leur mise en valeur. Cette idée plut tellement à Bismarck que le Chancelier décida de la mettre aussitôt en pratique. Le mémoire de la Chambre de commerce de Hambourg plut tellement à Bismarck que le Chancelier en accepta intégralement le programme. Le 22 décembre, le comte Hatzfeld fit connaître à la Chambre de commerce, par M. de Wentzel, les mesures que le Gouvernement comptait prendre pour répondre à ses vœux. Il annonçait en particulier qu´un commissaire impérial allait être désigné pour se rendre en Afrique et engager des négociations avec des souverains indigènes dans différentes parties de la côte occidentale. Ainsi s´explique la présence du Docteur Nachtigal sur la côte du « Cameroun » en juillet 1884. Les Allemands y commerçaient depuis longtemps. Dès 1868, la Maison Woermann, de Hambourg, avait installé un comptoir à Cameroun. En 1875, la Maison Jantzen et Thormâhlen, également de Hambourg, participait à Cameroun, elle aussi, à la traite de l´ivoire et de l´huile de palme. A partir de cette époque, le commerce allemand sur la côte occidentale d´Afrique connut un développement et une extension. Dès 1883, la moitié du commerce de l´Afrique occidentale était entre les mains des Allemands. Pour concurrencer les Anglais, la Maison Woermann relia Hambourg et l´Afrique occidentale par une ligne allemande de navigation à départs réguliers. Déjà en 1874, elle avait demandé au ministère des Affaires étrangères de nommer un consul allemand à Cameroun. Aucune suite officielle ne fut donnée à cette requête.

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