dimanche 2 décembre 2012
L'impact de la guerre 39/45 au Cameroun
la fameuse guerre de 1939/1945 a joué un rôle important dans l’évolution du pays, et dans l'esprit des Camerounais. Et pourtant, tout part du second conflit mondial. Le Cameroun moderne a pris naissance dès l’entrée en guerre de la France contre l’Allemagne, et plus précisément, dès la défaite française en juin 1940. En effet, la France terrassée, s’est retrouvée divisée en deux, territorialement, mais aussi, politiquement. Il y a ainsi eu une France légale, celle de Pétain qui collaborait avec l’Allemagne, et une France illégale, celle de la rébellion, dirigée par le Général Charles de Gaulle, qui avait refusé de collaborer avec l’ennemi, et d'ailleurs, il avait décidé de poursuivre la guerre après la capitulation du mois de juin 1940. Ne disposant, ni de troupes, ni de soutiens politiques, la France de la rébellion, qui s’était attribuée l’appellation de « France libre », s’est tournée vers l’Afrique centrale, qui était dénommée, à l’époque, Afrique Equatoriale Française, AEF, pour se doter de ses premières troupes, et d’une capitale politique, à savoir, Brazzaville au Congo. Dès le mois d’août 1940, le gouvernement légal de la France avait sa capitale basée à Vichy, une ville située dans le centre de la France, tandis que la France rebelle, quant à elle, avait la sienne basée à Brazzaville, au Moyen-Congo, ainsi était désigné l’actuel Congo-Brazzaville. Le Tchad, à travers le gouverneur Félix Eboué, et le Cameroun, à travers le débarquement du colonel Leclerc dans la nuit du 27 août, ont été les premiers territoires de la « France libre ». Ces deux pays ont, également, fourni les toutes premières troupes militaires de la France rebelle. Les deux France ont ainsi coexisté pendant plusieurs années, pratiquement jusqu’au 8 août 1944, date de la libération de la ville de Paris, par les troupes du colonel Leclerc devenu, entre temps général.
Mais, pendant que la France connaissait, à la fois l’humiliation de la défaite et celle de l’invasion allemande, elle avait considérablement perdu son prestige dans le monde, et, bien pire pour elle, elle était menacée de perte totale de ses colonies. En effet, d’une part, les « indigènes » recrutés de force pour combattre aux côtés de la France rebelle étaient l’objet dune révolution mentale spectaculaire, caractérisée par la fin de la peur de l’homme blanc qui avait cessé d’être, à leurs yeux, un demi-Dieu. De fait il n’allait plus être possible, pour l’administration coloniale, de continuer à leur faire courber docilement l’échine. Par ailleurs, les Etats Unis d’Amérique et la Grande-Bretagne, à travers la Charte Atlantique signée le 14 août 1941, avaient énoncé plusieurs principes devant régir le monde une fois la guerre achevée, et dont le plus révolutionnaire subversif pour les Français, était celui du « droit des peuples à disposer d’eux-mêmes ». La fin de la guerre laissait présager de terribles conflits à l’intérieur de ce qui était alors l’empire colonial français d’Afrique noire. Que restait-il alors à la classe politique française à faire d’autre, sinon qu’à assouplir la domination qu’exerçait la France sur les « indigènes » d’Afrique noire ? Par exemple, pourquoi ne pas envisager une révolution profonde des rapports avec les peuples qui les composent, et pourquoi pas une participation quelconque de ceux-ci à la vie politique chez eux, sorte de soupape à une quasi-inéluctable insurrection ? Les exemples du continent américain, au 18ème et 19ème siècle n’étaient-ils pas assez révélateurs du désir irrépressible des peuples colonisés à se libérer de leurs colonisateurs ? La guerre de 1939-1945, pour tout dire, a été à l’origine des changements profonds, sur le plan mental et politique, qui se sont produits en Afrique noire et au Cameroun, au milieu du siècle dernier, et qui ont abouti à la proclamation de l'indépendance du Cameroun le 1er janvier 1960.
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