lundi 6 juin 2011

Edouard Glissant un martiniquais engagé


Édouard Glissant, né le 21 septembre 1928 à Sainte-Marie en Martinique et mort le 3 février 2011 à Paris, est un écrivain, poète et essayiste français.
Fondateur des concepts d'« antillanité », de « créolisation » et de « tout-monde », il était « Distinguished Professor » en littérature française, à l'université de la Ville de New York et président de la mission de préfiguration d'un Centre français consacré à la traite, à l'esclavage et à leurs abolitions.
Édouard Glissant étudie au lycée Victor Schœlcher de Fort-de-France. Il quitte la Martinique pour Paris en 1946 afin d'étudier l'ethnographie au Musée de l'Homme, mais aussi l'histoire et la philosophie à la Sorbonne.
Alors proche des thèses de Frantz Fanon, il fonde, accompagné de Paul Niger, en 1961 le Front antillo-guyanais d'obédience indépendantiste, puis autonomiste, ce qui lui vaut d'être expulsé de la Guadeloupe et assigné à résidence en France métropolitaine. Il est interdit de séjour dans son île natale pour « séparatisme » de 1959 à 1965. Il est signataire du manifeste des 121 en 1960. Certains de ses ouvrages, tel le Discours antillais, restent très marqués par son engagement anticolonialiste.
Il revient en Martinique en 1965 et y fonde l’Institut martiniquais d'études, ainsi qu’Acoma, un périodique en sciences humaines.
Titulaire d’un doctorat ès lettres (1980), il adhère aux thèses de la négritude avant de développer par la suite les concepts d’antillanité et de créolisation.
De 1982 à 1988, il est directeur du Courrier de l'Unesco, organe de presse où il défend notamment le concept de "mondialité", "la face humaine de la mondialisation".
En 1989, il est nommé « Distinguished University Professor » de l'Université d'État de Louisiane (LSU), où il dirige le Centre d'études françaises et francophones.
Il vit ensuite à New York où, à partir de 1995, il est « Distinguished Professor » en littérature française, à la City University of New York.
En janvier 2006, Édouard Glissant se voit confier par le président Jacques Chirac la présidence d'une mission en vue de la création d’un Centre national consacré à la traite et à l’esclavage. Il prend position contre la création d'un ministère de l'Immigration et de l'Identité nationale et condamne la politique d'immigration menée depuis l'élection du président Nicolas Sarkozy. De cet engagement politique et poétique naîtra un court manifeste, Quand les murs tombent, l'identité nationale hors la loi ?, rédigé avec Patrick Chamoiseau.
En 2007, il crée avec le soutien du conseil régional d'Île-de-France et du ministère de l’Outre-Mer, l'Institut du Tout-Monde. Cet institut a pour objectif de faire avancer la pratique culturelle et sociale des créolisations. Il favorise la connaissance de l’imaginaire des peuples dans leur diversité. A l’écoute des mélodies du monde, il accompagne, à travers la multiplicité des langues, la pluralité des expressions artistiques, des formes de pensée et des modes de vie.
Au monde qui se replie sous la loi de l’unicité et de l’esprit de système l’Institut du Tout-Monde oppose les identités en mouvement. À la fois site d’études et de recherches, espace d’invention et de formation, lieu de rencontres, il est dédié aux mémoires des peuples et des lieux du monde.
En 2009 et 2010, il est membre du jury du prix de la BnF.
Le 3 février 2011, il s'éteint à l'âge de 82 ans à Paris.

Dans un premier temps, il adhère aux thèses de la négritude avant d'en dénoncer les limites. Il développe alors le concept d’antillanité qui cherche à enraciner l'identité des Caraïbes fermement dans « l'Autre Amérique » en rupture avec les travaux d'Aimé Césaire, pour qui l'Afrique est la principale source d'identification pour les caribéens. Cette antillanité serait fondée sur la notion d'« identité multiple », ou d'« identité rhizome », ouverte sur le monde et la mise en relation des cultures.
Il propose également le concept de créolisation qu'il définit comme le « métissage qui produit de l'imprévisible » et qui est pour lui le « mouvement perpétuel d'interpénétrabilité culturelle et linguistique » qui accompagne la mondialisation culturelle. Cette mondialisation met en relation des éléments culturels éloignés et hétérogènes, avec des résultantes imprévisibles.
Ses réflexions sur l’identité antillaise ont inspiré une génération de jeunes écrivains antillais qui formera le mouvement de la créolité, dont Patrick Chamoiseau, Ernest Pépin ou encore Raphaël Confiant.

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