samedi 16 avril 2011

La forêt équatoriale au Cameroun

L'histoire de la forêt équatoriale qui passe par le Cameroun commence dès l'arrivée des Portugais à la fin du XVe siècle, qui établiront leurs avant-postes sur la côte angolaise, s'articulera à l'image de ce qui se passe dans le golfe de Guinée et dans la région des Grands lacs, autour d'une seule et impérieuse logique : celle d'une économie fondée sur la traite esclavagiste. Les nombreuses guerres menées par la suite, le seront essentiellement pour assurer la pérennité de ce commerce.

La grande forêt équatoriale couvre le sud du Cameroun actuel, l'essentiel du Gabon et s'étend, par delà la Centrafrique jusqu'aux confins du Ruwenzori, dans la région des Grands Lacs. Elle n'a jamais été un obstacle infranchissable à la circulation, ni même au peuplement. Mais elle est souvent une terre de réfugiés. Ici, l'on découvre, par exemple, les Baya et les Mandjia, apparemment originaires du Cameroun, et qui auraient fuit l'avancée des Peuls au XIXe siècle pour s'installer dans les forêts de Centrafrique, repoussant à leur tour vers le Sud les Dzem, qui eux-mêmes provoquent le départ des Kwelé et des Kota. Là ce sont les Banda qui, sans doute à la même époque, ont établi leur domaine dans la vallée de la Kotto, puis dans le Mbomu, et qui auraient fait le chemin depuis le Bahr-el-Ghazal, cette fois pour fuir les trafiquants d'esclaves. Ailleurs, ce sont les Nzabi, les Téké ou le Mbamba poussé par l'expansion des populations du Congo qui prennent la route de la forêt. Sans parler des Fang et des Azandé que l'on découvre tardivement. Seuls les Pygmées semblent être là depuis la nuit des temps ou presque. Mais que sait-on de leur histoire? L'espace que couvre la grande forêt et ses marges immédiates n'a vraisemblablement jamais abrité de structure politique aisément identifiable. Au mieux distingue-t-on le pays Mandja, entre le Chari, l'Oubangui, le pays Banda, dans la région du Kotto inférieur, et, au-delà, les pays Mangbetou azandé. Cela a pour corrollaire une histoire qui, au-delà du XIXe siècle, est difficile à reconstituer. Et quand parfois c'est le cas, malgré tout, elle reste très parcellaire.

Les Pygmées que l'on rencontre à l'est du Cameroun dans la forêt équatoriale.
La petite taille des Pygmées a fait attirer l'attention sur eux depuis très longtemps. Pépi II (= Neferkara), un pharaon de la VIe dynastie (2400 ans av. JC.), a ainsi reçu à sa cour de Memphis un Pygmée captif, ramené par une expédition que son prédécesseur, Merenrê, avec envoyé à la découverte du "pays des Arbres", loin au Sud. Plus tard, Homère, au début du livre III de l'Iliade mentionnera aussi des Pygmées. Encore convient-il de rester très prudent en ce qui concerne l'assimilation de ce peuple légendaire - qui peut avoir aussi été complètement imaginaire - avec les populations d'Afrique auxquelles on donnera plus tard le nom de Pygmées. On notera cependant qu'à l'époque, l'habitat des Pygmées avait peut-être une extension géographique très importante, qui pouvait justifier des contacts avec des populations de l'Afrique septentrionale. Les traditions locales du Kassaï, du bas Congo et du Katanga, par exemple, ont conservé leur souvenir d'une population de "petits hommes", travaillant la pierre, qui auraient précédé les agriculteurs que l'on rencontre désormais dans ces régions.
Aujourd'hui, les Pygmées se distribuent dans trois grandes zones, entièrement comprises à l'intérieur de la forêt équatoriale : au nord-est, dans la forêt de l’Ituri, les Mbuti conservent encore souvent un mode de vie nomade, fondé sur la chasse (arc et javelot) et la cueillette, que l'on défini comme ancestral. Tout au contraire, les Twa, qui vivent, à l'Est, dans la région des Grands Lacs (Kivu et Rwanda, notamment) sont bien intégrés aux autres populations, et partagent leurs modes de vie agricoles. Le métissage leur a fait perdre pour l'essentiel leurs caractères physiques. A l’Ouest, c'est-à-dire Cameroun, au Gabon et au Congo, se rencontrent les Binga, qui donnent l'exemple d'un mode de vie intermédiaire : ils sont sédentarisés, liés par des relations de "clientèle" (si ce n'est de servage) avec les Bantous, mais continuent semble-t-il de pratiquer la chasse à l'occasion. Il est a noter que ces différents groupes n'ont pas de langue commune (ils parlent les langues des populations avec lesquelles ils sont en contact direct).

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