Les Allemands ont évangélisé de 1912 à 1915, la partie ouest du Cameroun . Forcés de quitter le Cameroun par les anglais en pleine première guerre mondiale (1915), les deux puissances coloniales adversaires des Allemands, France et Angleterre (étant devenus les nouveaux maîtres du Cameroun), ne leur permettront plus d’y retourner. Mais à quelque chose, malheur est bon, dit le proverbe. Comme aux premiers temps de l’Eglise, l’expulsion de nos missionnaires loin de freiner l’élan missionnaire des allemands, fécondera plutôt le désir de multiplier les missions. C’est ainsi que nos « fugitifs » du Cameroun iront prêcher la réparation en Espagne, aux Etats-Unis et en Afrique du Sud.
Nous nous sommes rendu compte que l’activité missionnaire de ces Pères allemands est peu connue dans l’historiographie de l’évangélisation du Cameroun. Les raisons sont simples. Cette mission des pionniers avait eu une courte durée et s’était finie presque tragiquement. Les Pères Franco-Belges, venus les remplacer, ont rencontré un contexte tendu du fait de la division du Cameroun entre deux puissances coloniales (France et Grande Bretagne) par la SDN (Société des Nations, ancêtre de l’ONU) après la première guerre mondiale et de la persécution de leurs chrétiens de la zone anglaise. Ils ne feront dans le Cameroun anglophone que trois ans comme leurs confrères allemands.
1. Evangélisation et « civilisation » : deux buts jumeaux poursuivis par nos missionnaires.
Comme tous les missionnaires de l’époque, les Prêtres du Sacré-Cœur Allemands avaient deux visées intimement liées : l’évangélisation et la « civilisation ». A leurs yeux, c’était en amenant les indigènes à se cultiver aux habitudes occidentales que ceux-ci pouvaient mieux assimiler la Bonne Nouvelle. La première approche étaient de rencontrer les chefs et de leur obtenir les terrains. Le terrain acquis, avec l’aide de la population, ils bâtissaient la chapelle, l’école et la case d’habitation si le missionnaire devait y résider.
1.1- L’école.
Les missionnaires voyaient en l’école un moyen incontournable pour l’évangélisation. Pouvait-il en être autrement puisque c’est là qu’on pouvait s’initier à l’allemand et pouvoir communiquer avec eux .
1. 2- Le problème de la femme.
Les missionnaires ont été très tôt frappés par le problème de la femme et la polygamie. S’attaquer à la polygamie était l’une de leurs préoccupations. Ils ont sans doute critiqué le système dans leurs prédications ce qui progressivement dressera les chefs et les notables contre eux. Toutefois, la prédication ne pouvait à elle seule éradiquer un système social millénaire qui n’avait pas tellement de problème avec ceux qui en vivaient. C’est ainsi qu’ils ont songé que l’éducation des filles rendrait ces dernières plus conscientes de leur situation et elles-mêmes pourraient contribuer à améliorer leur sort. Les Pères feront donc venir les Sœurs de la Divine Providence de Münster en mai 1914 pour s’occuper de cette tâche.
2- La catéchèse des adultes.
Ce qui frappe c’est que les missionnaires allemands prenaient la catéchèse très au sérieux. Ils ne se sont pas précipités à distribuer le baptême comme certains missionnaires, ce que d’aucuns appelleraient « baptême par décret ». E janvier 1913, les premiers baptêmes ne seront administrés qu’à la fête-Dieu 1914 à 16 personnes.
3. Célébration eucharistique et le marché du dimanche.
Les célébrations eucharistiques dominicales exerçaient un attrait chez les adultes. La messe se disait en latin et les chants grégoriens fascinaient par leur mélodie. Le Père Zicke témoigne :
Là (à la célébration eucharistique),se retrouvaient les anciens du peuple qui ,en entendant chanter les enfants de leur tribu les mélodies de notre grégorien, la messe des anges et quelques simples chants dans leur langue natale, cela leur paraissait chose d’un autre monde… Tant il est ainsi que même les plus invétérés de leurs coutumes païennes, viennent avec plaisir pour être présents aux offices de notre Sainte Mère l’Eglise. Il fallait voir avec quel orgueil les anciens admiraient les enfants de leur peuplade en les écoutant chanter des choses si étranges qu’ils n’avaient pas encore entendues jusque là .
Conclusion
Forcés de quitter précipitamment le Cameroun en 1915, leur pays, l’Allemagne, ayant déclanché la guerre contre leurs « délogeurs », les anglais (présents au Nigeria), nos missionnaires allemands laissaient derrière eux 26 écoles avec 1585 élèves, deux centres de santé, trois stations résidentielles et 22 postes secondaires. Malgré la courte durée, le travail qu’ils avaient abattu laissera des marques bien perceptibles et durables.
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