Pour comprendre le système colonial allemand, il faut se référer à la citation du Général VON LIEBERT, Gouverneur de l'Afrique orientale allemande : « Sans violence la colonisation de l'Afrique est une entreprise impossible ». Cette assertion exprime en termes clairs toute la méthode d'administration dans les colonies allemandes. Ainsi donc, ils ont géré leurs colonies par la violence.
Toutes les colonies étaient considérées comme des colonies d'exploitation dont les richesses devaient servir au développement économique de l'Allemagne. Pour le cas du Cameroun, le pays fut conquis et soumis avec beaucoup de difficultés. Ici, la Nord-West Kamerun Gesellschaft avait réçu mandat d'exploiter la colonie. Après avoir exploité le caoutchouc, les richesses minières, elle contrôle aussi les plantations de banane, de café, de cacao, d'hévéa, de palmiers à huile...
Le commerce est accaparé par les grosses compagnies comme la Graft Von Schlippenbach. Pour les besoins de toutes ces compagnies allemandes, 80 000 porteurs et 250 000 camerounais ont été exploités en permanence sur les pistes et les chantiers.
Pour les besoins de l'exploitation économique, les Allemands utilisèrent au Cameroun et dans toutes leurs colonies le travail forcé. Ils ont introduit dans toutes leurs colonies le système des cartes de travail. Chaque noir doit prouver, au moyen de cette carte, qu'il a travaillé gratuitement chaque mois au moins vingt (20) jours pour les blancs. S'il ne peut pas le prouver, il est traîné devant les autorités du district et châtié par le fouet. Voilà une façon brutale de contraindre les
indigènes à travailler dans les plantations des colons blancs. Le député allemand ROEREN désignait ironiquement les colonies allemandes sous le nom « des colonies aux vingt-cinq coups de fouet ».
Les travailleurs étaient rassemblés, comme s'il se fût agi du gibier, puis on les dirigeait enchaînés par groupes sur les plantations ou sur les chantiers du chemin de fer...Au Cameroun, les travaux du chemin de fer du centre furent une hécatombe : « Les 38 kilomètres qui séparent Ndjock et Makak coûtèrent la vie à des milliers de personnes et les conditions de travail furent par endroit horriblement inhumaines. ».
En résumé, dans les colonies allemandes de l'Afrique on appliquait un système très voisin de l'esclavage. Ces crimes, perpétrés contre les indigènes, ont été dénoncés par les députés allemands DITTMANN, ERZBERGER, WILS et WIEMAR. Le député DITTMANN, dans un discours prononcé au Reichstag, le 7 Mars 1914, disait ceci : « J'estime,
Messieurs, qu'aux yeux d'un homme de bon sens, notre politique coloniale actuelle doit apparaître comme l'élucubration d'un fou. »
Les Allemands ont poursuivi dans leurs colonies une politique diamètralement opposée à celle des Anglais et des Français. Ces derniers, dans leur système colonial, conservaient les institutions et les moeurs qui n'étaient pas incompatibles avec l'idéal de la civilisation occidentale. Les Anglais et les Français ont consolidé aussi l'autorité des chefs indigènes, ils ont fait collaborer à l'administration intérieure tous les indigènes dont le concours pouvait être utilisé.
Le meilleur moyen de gouverner un pays conquis est le respect des populations, leurs droits, leurs moeurs et surtout leur foi religieuse. Cette méthode a été employée par toutes les puissances coloniales à l'exception de l'Allemagne et de la Belgique. L'Allemagne imposa, dès le début, aux indigènes de ses colonies, une administration de caserne. On proclama ouvertement que si l'Empire avait acquis des colonies, ce n'était point qu'il éprouvât le besoin d'apporter la civilisation aux nègres, mais parce que ses intérêts économiques l'exigeaient. Quiconque fera obstacle à nos projets,écrivait la revue allemande Koloniale Zeitschrift, sera écarté du chemin. Le résultat de cette politique de violence fut le chaos, l'anarchie...
Dans l'Afrique allemande, on terrorisait l'indigène par le fouet. On l'administrait pour les fautes les plus légères. Dans l'Afrique orientale allemande (Tanganyka) on fouettait un indigène qui avait bu une bouteille de soda et celui qui n'avait pas salué un européen. Au Togoland, on fouettait les indigènes qui se laissaient pousser la barbe. Au Cameroun, le Baron LUDINGHAUSEN frappait de son gourdin avec une sauvage brutalité ceux qui ne lui tiraient pas leur chapeau.Cette politique coloniale faite d'humiliation et de brimades va pousser les indigènes à la révolte.
Les soulèvements dans les colonies allemandes d'Afrique se sont succédé sans interruption.
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire