dimanche 10 octobre 2010
Toussaint Louverture général ennemi de bonaparte
Toussaint Louverture (né François-Dominique Toussaint le 20 mai 1746 dans une habitation près de Cap-Français ; mort le 7 avril 1803 au Fort de Joux, à La Cluse-et-Mijoux en France) est le plus grand dirigeant de la Révolution haïtienne, devenu par la suite gouverneur de Saint-Domingue (le nom d'Haïti à l'époque).
Il est reconnu pour avoir été le premier leader Noir à avoir vaincu les forces d'un empire colonial européen dans son propre pays. Né esclave, s'étant démarqué en armes et ayant mené une lutte victorieuse pour la libération des esclaves haïtiens, il est devenu une figure historique d'importance dans le mouvement d'émancipation des Noirs en Amérique.
Son grand-père, Gaou-Guinou, serait un Africain né au Dahomey (actuel Bénin), issu d'une famille royale d'Allada. Déporté à Saint-Domingue, son père Hippolyte Gaou est vendu comme esclave au gérant de l'habitation du Comte de Bréda, dans la province du Nord, près du Cap-Français. Dans la plantation de ce domaine naît Toussaint, recevant alors le nom de son propriétaire, Bréda, selon l'usage. Son maître, M. Baillon de Libertat, relativement humain, encourage Toussaint à apprendre à lire et à écrire, et en fait son cocher, puis le commandeur (c’est-à-dire le contremaître) de l'habitation.
Toussaint, gagne une réputation d'excellent cavalier et de docteur feuille, maîtrisant la médecine par les plantes. La Révolution française provoque d'énormes répercussions dans l'île. Dans un premier temps, les grands Blancs (riches propriétaires, administrateurs et aristocrates locaux) envisagent l'indépendance, les petits Blancs (paysans, artisans et employés) revendiquent l'égalité avec les premiers et les gens de couleur libres.
En août 1791, les esclaves de la plaine du Nord se révoltent suite à la cérémonie de Bois-Caïman. Toussaint Bréda devient aide-de-camp de Georges Biassou, commandant des esclaves qui, réfugiés dans la partie orientale de l'île, s'allient en 1793 aux Espagnols, qui l'occupent pour renverser les Français esclavagistes. Toussaint est initié à l'art de la guerre par les militaires espagnols. À la tête d'une troupe de plus de trois mille hommes, il remporte en quelques mois plusieurs victoires. On le surnomme dès lors Louverture. Il devient général des armées du roi d'Espagne.
Le 29 août 1793, Toussaint lance sa proclamation où il se présente comme le leader noir :
« Frères et amis. Je suis Toussaint Louverture ; mon nom s'est peut-être fait connaître jusqu'à vous. J'ai entrepris la vengeance de ma race. je veux que la liberté et l'égalité règnent à Saint-Domingue. Je travaille à les faire exister. Unissez-vous, frères, et combattez avec moi pour la même cause. Déracinez avec moi l'arbre de l'esclavage. »
Mais il excite la jalousie de ses chefs, Jean-François et Biassou, qui fomentent un complot auquel il échappe, mais où il perd son jeune frère Jean-Pierre. Le peu d'attention que lui montrent les Espagnols achève de le convaincre que ceux-ci ne vont pas abolir l'esclavage.
La situation est différente avec les autorités françaises. Les commissaires de la République française, Léger-Félicité Sonthonax et Etienne Polverel, sont en effet arrivés à Saint-Domingue en septembre 1792 pour garantir les droits des gens de couleur. L'île est envahie par la marine britannique et les troupes espagnoles, auxquelles se sont ralliés de nombreux Blancs royalistes. Le 29 août 1793, le même jour que la proclamation de Toussaint, Sonthonax émancipe l'ensemble des esclaves, pour que ceux-ci se joignent à la Révolution. Le 16 pluviôse an II (4 février 1794), la Convention ratifie cette décision en abolissant l'esclavage dans tous les territoires de la République française.
Par l'intermédiaire du général en chef Étienne Laveaux, les commissaires tentent de convaincre Toussaint de rejoindre la République. Ce n'est que le 5 mai 1794, que Toussaint effectue une volte-face. L'armée sous son commandement — qui compte des soldats noirs, mulâtres et même quelques blancs — défait en quinze jours ses anciens alliés espagnols et enlève une dizaine de villes.
En un an, il refoule les Espagnols à la frontière orientale de l'île, et bat les troupes de ses anciens chefs qui leur sont restés fidèles. En juillet 1795, la Convention l'élève au grade de général de brigade.
En mars 1796, il sauve Laveaux, malmené pour sa rigueur lors d'une révolte de mulâtres au Cap Français. En récompense, celui-ci le nomme lieutenant général de la colonie de Saint-Domingue. Le Directoire l'élève au grade de général de division en août 1796. Cependant, le flot des réfugiés français de Saint-Domingue en Amérique grossit.
Son talent n'est pas seulement militaire. Partout où il passe, il confirme l'émancipation des esclaves.
Grâce aux armes arrivées avec la commission de 1796, Toussaint dispose d'une armée de 51 000 hommes (dont 3 000 blancs). Il reprend la lutte contre les Britanniques, et connaît quelques succès. Le 31 août 1798, les Britanniques abandonnent Saint-Domingue.
Le 9 mai 1801 il proclame une constitution autonomiste qui lui donne les pleins pouvoirs à vie.
Malgré les assurances de loyauté de Toussaint Louverture, Bonaparte, qui a été outré par la proclamation d'une constitution autonomiste par Toussaint et il se rallie à ses alliés les grands colons qui veulent rétablir l'esclavage sur toutes les colonies françaises.
Le 20 janvier 1802, l'expédition de Saint-Domingue se présente dans les ports de la colonie, ostensiblement pour punir le seul Louverture. Le 7 mai 1802, Louverture signe au Cap-Français avec Leclerc un accord qui lui permet de prendre sa retraite sur ses terres d'Ennery en conservant son grade. Cet accord stipule notamment que l'esclavage ne sera pas rétabli sur l'île.
Trois semaines plus tard, Leclerc arrête Toussaint Louverture, accusé de complot et de rébellion, ainsi que sa famille. Ils sont conduit alors en France. Le 25 août 1802, Toussaint est emprisonné au Fort de Joux, dans le Doubs, où il sera maintenu isolé . Il y mourra d'une pneumonie le 7 avril 1803. Sa famille fut exilée à Bayonne, puis à Agen.
Dessalines proclame l'indépendance d'Haïti le 1er janvier 1804.
Aujourd'hui encore il est possible de visiter sa cellule au château de Joux. Tous les ans de nombreux Haitiens font d'ailleurs ce pèlerinage dans le Doubs afin de perpétuer la mémoire de ce grand homme fondateur de la première République Noire dans le monde.
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