1ére partie: sous l'occupation Allemande
On ne sait ni quand, ni comment la maladie du sommeil fit son apparition au Cameroun Cette maladie a été un grand fléau qui a décimé une grande partie de la population.
D'après les documents allemands trouvés à Ayos, et dont la traduction est due au Docteur Menetrier, c'est en 1901 qu'un officier allemand, le Capitaine Von Stein, signala pour la première fois un foyer de trypanosomiase( nom scientifique de la maladie) à l'Est du pays. En 1910, les médecins allemands installèrent à Akonolinga, à 100 Km environ en aval d'Atok, un premier camp de ségrégation de sommeilleux. Six mois à peine après sa création, 416 malades y étaient déjà en traitement.
Ce fait, et les investigations qui, à partir de ce moment, furent effectuées dans la région, prouvent que le fléau sévissait déjà avec une grande intensité sur les rives du Haut-Nyong. Du reste, dès cette époque, les médecins ne cessèrent d'appeler l'attention des pouvoirs publics sur la situation menaçante.
En janvier 1913, une Commission sanitaire présidée par le Docteur Kuhn, médecin référendaire, se réunit à Ayos, point intermédiaire entre Atok et Akonolinga, proche de la capitale Yaoundé. Cette Commission étudia et mit sur pied les moyens pratiques d'organiser la lutte dans tout le Cameroun avec intensification dans le Haut-Nyong.
Le Gouverneur du territoire approuva les mesures proposées par cette commission : une circulaire du 17 mai 1913 les rendit exécutoires. La traduction des documents allemands a révélé qu'un plan de campagne avait été magistralement conçu.
Un second camp de ségrégation fut installé à Ayos. Tout le pays situé au Sud de la Sanaga fut divisé en secteurs délimitant les champs d'action des médecins. Un personnel important avait été recruté pour ce nouveau service, comprenant des médecins, des religieuses, des aides sanitaires européens et des infirmiers camerounais.
De très importants crédits furent délégués: 600.000 marks en 1914; un million de marks prévu pour 1915, soit six millions de francs (au taux de 1929).
L'action médicale poursuivait, non pas la guérison des malades, mais leur blanchiment. Les malades les plus avancés étaient traités dans les camps installés au centre de chaque secteur; les autres étaient soignés dans leurs villages, au cours de tournées dirigées par des aides sanitaires européens.
Parallèlement à l'action médicale, des travaux de débroussaillement, d'assainissement, de création de grosses agglomérations près des centres administratifs, se poursuivaient activement.
On ignore le nombre exact des malades qui furent dépistés et traités par les médecins allemands. Voici néanmoins quelques éléments. En 1912, le Docteur Stechele prospecta minutieusement la région de Doumé,
En 1913, le Docteur Schachtmeier fit une tournée chez les Makas du Nord, à l'ouest de Bertoua. Sur 3878 habitants visités, il trouva 844 malades, soit 22 %.
Par ailleurs, les tribus riveraines du Haut-Nyong étaient fortement contaminées: 1127 malades avaient été traités an camp d'Ayos, et la maladie tendait à gagner la région de Lomié et le bassin du Dja.
Ce sont là des indications qui démontrent que, contrairement à ce qui a été écrit, le fléau n'était pas strictement localisé sur les rives du Nyong avant la première guerre mondiale. En 1914, la maladie avait fait tache d'huile et, au moment où le conflit éclata, une lutte engagée contre elle, avec des moyens très importants, battait son plein dans le pays.
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